Ain : de nouveaux éléments sur la mort de Loïc Goudard en Espagne
Loïc Goudard, originaire de Crozet (Ain), est mort en juillet 2018 à Magaluf, sur l'île de Majorque. La police espagnole avait conclu à un suicide. Ses parents se battent pour qu'une nouvelle enquête soit ouverte. Le contre rapport d'autopsie français révèle qu'il lui manquait plusieurs organes.
Que s'est-il réellement passé, cette nuit du 1er juillet 2018, dans la ville animée de Magaluf, aux Baléares ? Loïc Goudard, 19 ans, s'est-il réellement suicidé, comme l'ont affirmé les policiers espagnols ? A-t-il vraiment sauté du 7° étage d'un hôtel qui n'était même pas le sien ? Cette thèse, les parents de Loïc, habitants de Crozet, dans l'Ain, l'ont toujours réfutée.
De nouvelles révélations
Et elle semble de moins en moins crédible, au fur et à mesure que de nouveaux éléments apparaissent dans le dossier. Dernier rebondissement en date : le rapport de contre-autopsie français. Et ses révélations : il manquait à Loïc son cœur, ses reins et sa rate... « Ca a été un choc, raconte Sarah Goudard, la mère du jeune homme. Vous imaginez... Quand vous apprenez que votre fils n'a plus de cœur, ni de colonne vertébrale... ».
L'examen a été réalisé une quinzaine de jours après le décès de Loïc, en 2018, à l'IML de Lyon, mais ses parents ne l'ont obtenu que récemment. A l'époque, l'état du corps n'a pas permis de conclure à quel moment les organes ont été prélevés, ni même de déduire les causes de la mort. « Cela fait maintenant presque deux ans que mon fils est décédé, explique Sarah Goudard, et je ne sais rien... Tout ce qu'on m'a dit, c'est qu'il n'est pas mort sur le coup, il a été hospitalisé, là-bas, à Majorque, et opéré pendant quatre heures. De quoi ? Je n'en sais rien. L'enquête espagnole affirme juste qu'il est décédé d'un arrêt cardiaque... ». Et d'ajouter : « les organes qui ont disparu du corps de mon fils sont tous des organes qui se greffent, quand on sait cela, on pense tout de suite à une affaire de trafic... ».
Une difficile collaboration avec les autorités espagnoles
Depuis le début, les parents de Loïc se battent pour que lumière soit faite sur les réelles circonstances de la mort de leur fils. D'avocat en avocat, de procédure en procédure, ils se heurtent à un mur. La Guardia Civil « qui a bâclé l'enquête », une avocate sur place « qui fait la muette », et une justice espagnole qui rechigne à coopérer. « Pour moi, on essaye de nous cacher des choses, il y a beaucoup de corruption là-bas...», assure Sarah Goudard. Et pour argument, elle énumère les six autres cas similaires à celui de son fils. Six autres jeunes, morts seuls entre juillet et aout 2018, par chute ou défenestration, et au premier jour de leurs vacances sur l'île. Ils étaient tous de nationalité différente, et à chaque fois, les policiers ont conclu à un accident, ou à un suicide. « Et ça n'inquiète personne », s'étonne Sarah Goudard.
Reste que la station de Magaluf est connue pour un phénomène inquiétant, le balconing : des touristes qui, souvent jeunes et alcoolisés, sautent du balcon de leur hôtel pour plonger dans la piscine. Reste aussi que les soirées des Baléares sont souvent très arrosées, et que Loïc avait 1,3g d'alcool par litre de sang lors de son décès. Ce sont les arguments que brandit la Guardia Civil pour étayer sa version des faits. « Mais Loïc était seul ce soir-là, il n'avait personne à épater, il n'avait aucune raison de se suicider. Les policiers n'ont fait ni enquête de voisinage, ni enquête de personnalité », regrette la mère du jeune homme. Voilà pourquoi la famille avait déposé plainte en octobre 2018, espérant que le procureur de Bourg-en-Bresse relance l'enquête. Une plainte malheureusement classée sans suite.
Aujourd'hui, c'est Me Gilbert Collard qui assiste les époux Goudard. Le seul avocat ayant accepté de reprendre le dossier. Ses clients se sont constitués partie civile et c'est grâce à lui qu'ils ont enfin récupéré ce rapport d'autopsie troublant et obtenu que la justice espagnole relance l'enquête en avril 2019. « On attend désormais que notre justice rouvre aussi une enquête et que la France puisse aller enquêter là-bas pour comprendre enfin ce qu'il s'est passé », conclut Sarah Goudard.